NOTE D'INTENTION RéALISATION

Ce film est un cri du cœur attaché à pointer l’inattendu. Le saugrenu. L’improbable. Voué à mettre en lumière ce que l’on ne voit généralement pas car dissimulé au creux de nos névroses, d’une bienséance composée, noyé dans le vortex de nos écrans ou emmitouflé au fond de nos âmes qui, de plus en plus, manquent d’air.

 

L’histoire ici contée se veut universelle, et appartient à tous. Avec un titre pareil, nous pourrions avoir choisi délibérément de montrer, de manière presque documentaire, ce qui se passe dans les méandres complexes de nos minuteurs intérieurs, petites bombes contenues dans nos poitrines, quand ils s’affolent, tombent amoureux, ou décident de faire le bien autour d’eux.

 

Or, quand dans l’approche documentaire la caméra -aussi poétique soit le réel, s’attache à rapporter ce qui se trame inexorablement, la fiction, elle, a le privilège de pouvoir s’emparer de l’extraordinaire de l’existence - qui en général ne se passe pas comme attendu, et c’est ce qui intéresse le cinéma.

 

On aurait pu choisir, ainsi, de conter -gentiment ou de manière plus excentrique, l’idylle ou la tragédie survenues dans la vie d’une héroïne de cœur et d’âme, comme tant d’autres avant elles... Mais non. Ce qui va retenir notre attention, nous tenir en haleine et nous faire vibrer ici, ne sont ni une romance extraordinaire, ni un drame passionnel, non. Ce qui va nous emmener ici, c’est bien plus. Car si nos vies aujourd’hui nous offrent tous les possibles et nous permettent d’accéder à tous les récits, à tous les imaginaires, l’infinité des intrigues humaines envisageables génère – au même titre que la surinformation - un épuisement et une perte de repères, car de moins en moins en lien avec nos besoins profonds.

 

Dans une invitation à nous reconnecter à l’essentiel, nous allons donc simplement, ensemble, suivre une femme. Sans éclat apparent, Alice est une femme d’âge moyen, moyennement intégrée dans la société, moyennement motivée dans son quotidien, appréciant moyennement son célibat, de corpulence moyenne, qui subit les affres d’une santé plus que moyenne et va tenter, par tous les moyens, de donner un sens à sa vie... Et peut-être à sa mort.

 

Et si voir au-delà de la surface, se fondre intimement - avec tendresse, sensibilité, loufoquerie et poésie parfois, dans les errances d’une Alice-miss-tout-le-monde et de ses acolytes, dans leurs doutes, leurs hésitations, leurs rêves, leurs tricheries, leurs petitesses comme leurs accomplissements..., si comprendre et aimer ces personnages était un moyen de se rappeler que nous avons tous en nous, sans exception, ce diamant enfoui au cœur de nombreuses couches qui parfois s’effritent, s’érodent avec les épreuves de la vie, mais nous rapprochent de notre essence véritable... ?

 

Pour cela, la caméra plongera au cœur du quotidien de ces personnages, moyens en apparence mais tous porteurs d’un fond magnifique. Comme vous, comme moi, comme Monsieur et Madame Tout-le-monde. Elle suivra leurs péripéties parfois décalées, voire burlesques, offrant aux acteurs son regard tendre, se posant au creux de leur fragilité, pour récolter l’émotion pure. Comme un scanner, elle ira sonder au plus près de nos insuffisances, de notre vérité non formatée.

 

L’insuffisance cardiaque d’Alice n’est-elle pas un moyen, finalement, d’éclairer les nôtres à tous ? Faire la lumière sur nos manques, nos vides, n’est-ce pas le moyen de mieux voir notre densité ?

Par analogie, le fait de filmer le ‘vrai’ - considéré aujourd’hui comme « moins » (bien, beau, ou fort) - sans devoir être, ni faire, toujours « plus » ou « mieux », approfondira et illuminera le jeu des acteurs ; ode au naturalisme, à leur beauté authentique.

 

Enfin, dans l’accompagnement de ces personnages et de leurs fragilités, la photographie se devra de sculpter la lumière tel un ciseau. Rencontrer l’inspiration de l’artiste (comme celle de l’interprète), pouvoir rendre palpable sa création de chair et de matière, en goûter la sueur, seront inévitables à la caméra pour rendre compte de la beauté d’un corps d’ombre et de lumière, contraste puissant retrouvé dans le lien qui unira Alice et cet égoïste magnifique hanté par un talent d’une autre époque, pourtant si contemporain dans ses errances et ses addictions.

 

C’est un film sur la guérison d’un cœur. Sur la part d’indicible qui bat au fond de chacun de nous : ce lieu commun à tous, tendre et vital, qui fait de nous des êtres attachés, attachants. Mais surtout sur cet espace de connaissance, de clairvoyance, de sensibilité qu’est notre cœur. Un film sur notre vie d'aujourd'hui. Sur la vie et inévitablement, sur la mort. Une femme presque éteinte, sur le point de mourir, s'allumera et portera un regard éveillé sur notre monde ; pour finalement découvrir où elle se situe vraiment, se mettre à exister plus fort en quelques semaines qu’en une vie. Pour vivre, il lui faudra aimer, avant tout, sa propre singularité.

 

Comment se sauver soi-même, comment trouver du sens à notre époque ultra connectée où tout va si vite, dans une société tissée de réseaux, telle une toile où nous serions pris au piège, si surveillée, cadenassée ?

C’est l’histoire d’un être qui va reprendre forme dans l’urgence ; s’aimer simplement, quels que soient l’état du monde et la crise collective. Un film d’action sur la force de la nature humaine, sur la résilience, et le partage. Une fable initiatique et sociale. Intime, poétique, drôle, décalée, réaliste, actuelle.

 

Moi, Virginie Fauchois, je suis violemment passée très près de la fin à cause d’un accident de voiture qui aurait dû me coûter la vie. Et j’ai l’intime conviction d’être revenue du coma par la force de l’amour. Tout cela m’a fait beaucoup réfléchir sur le sens de nos parcours humains, et permis de réaliser à quel point, quand tout s’écroule, il ne reste que l’amour. Et ce que l'on a fait de nos vies.

 

C’est à l’urgence de vivre, de s’aimer, de s'accepter tels que nous sommes et de pro- mener nos vies bien au-delà des diktats sociaux, que ce film tend la main ; à la nécessité de prendre conscience des limites d’un système, en s’autorisant la liberté de pensée et d’action qui mènent à la connaissance de nous-mêmes et de nos désirs profonds.

 

Alice ira à rebours de son issue fatale. Cette course contre la montre et pour la vie, ces battements, métronome intérieur, deviennent le tic-tac qui rappelle à sa mémoire combien elle n'a jamais été emplie, innervée, de l'expérience de l'amour. Elle paie de n'avoir pas vécu ce pour quoi le cœur tous les jours crie dans sa cage thoracique : AI – ME ! Ces deux syllabes incessamment quémandées, cette injonction du cœur qui tous les jours nous clame qu'il faut aimer, Alice ne l'a pas entendue et la sentence aurait dû être sans appel. Pourtant, contre toute attente, Éléonore sera celle qui, bien malgré elle, lui fera le cadeau de la vie.

 

Alice, en décalage avec le monde, a du mal à l’accepter, à s’accepter. En dépassant ses propres limites pour réparer chaque situation de sa vie, recyclant la vie elle-même en faisant corps avec l’instant, elle incarne la réconciliation avec lui-même, aujourd’hui, de tout être humain.

Virginie Fauchois

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